Ode à Yamina


Qui n’a pas vu les neiges de l’Ida crétois,
les colombes de Paphos,
les hermines qui hantent les ravins
sur les montagnes d’Arménie
ou les cascades d’Edesse
charriant les fleurs de cerisier de Bodéna,
ne saurait rendre,
soit par la plume,
soit par le pinceau,
l’éblouissante blancheur
de ta peau de houri,
quand tu dors toute nue
sur une nue immobile,
ombragée seulement d’un vol de paons!


Mais, si je te loue,
c’est parce que tu as les yeux du Yémen,
la taille de cyprès attique
et la large hanche galbée de Grèce!


Ô Yamina,
ton nom qui évoque en langue arabe
la prospérité
est amplement justifié
par l’importance capitale
que revêt ta croupe monumentale
et nonchalante!


Non, aucune femme à travers les continents
n’est ton égale
pour le plaisir que tu me donnes
de par la beauté de tes appas
et la douceur de ta bouche
plus suave que la plus savoureuse
orange de la plaine de la Messara,
en Crète aux cent villes!


Non, aucune autre vierge
n’a ta voix de rossignol persan
qui chante au coucher
de la pleine lune de Mai,
à Chiraz où la brise
est parfumée de rouges oeillets!


Ô fille plus belle
que toutes les vierges de l’Iran,
sois la bienvenue dans mon coeur
et sur ce divan de brocart
qui a vu tant d’aurores
et tant de nuits plus brillantes
que le jour le plus glorieux
qui soit jamais apparu
sur la terre!


Or, tu es pour moi
le pont El Sirat,
ténu comme un cheveu de toi,
et qui au Jugement dernier
reliera l’Enfer au Paradis!


LES GENISSES DU SOLEIL

RECUEIL INEDIT. DU 13 AU AU 21 JANVIER 2008