Leilà ou la Rose de Turquie


Ton coeur est un jour radieux de Juin
où les yalis se mirent
dans l’onde calme et bleue du Bosphore
sur lequel glissent les caïques sultanaux,
entièrement ciselés et dorés!


Mais ton âme est une nuit de Juillet
où les cyprès exhalent
leur parfum enchanté
et où l’horizon infini
est si pur
que seuls s’y découpent les hauts minarets
et les coupoles du vieux Stamboul!


Et ton corps est une tenture
de blanc satin
brodé des rouges roses de tes seins,
de tes ongles
et de tes orteils
pareils à des bengalis!


Ta hanche sous laquelle
palpite ta matrice fertile
est une nue claire,
suspendue dans le ciel chaste du rêve,
aux après-midi d’Août!


Et aux crépuscules du matin
et du soir,
les rossignols baptisés
dans l’air d’Asie
de chanter sur tes bras
comme sur les branches supérieures
d’un cèdre du Liban!


Or, je place au-dessus
de toute chose,
y compris de la pensée,
la nonchalance propre aux femmes
de bonne race orientale
et le charme original
de leurs mouvements
silencieux et ondoyants
et ce si frais
et tant irrésistible
chant céleste
que sont leur mots d’amour
même prononcés sans trop
y penser!


LA FONTAINE DE RUBIS

RECUEIL INEDIT. DU 22 AU 30 JANVIER 2008