L’Amandier
Ô bel amandier
d’un pays aimé,
chacune de tes fleurs
correspond à un battement de mon coeur!
Oui, chacune de tes fleurs est
une flamme qui me transperce la poitrine
en me brûlant
et qui résume à elle seule
tous les triomphes du Verbe vernal!
Ô amandier de mon âme,
tu es tout entier une offrande
à la déesse de la beauté
dont le diadème est le Croissant
gravé sur un champ de rubis!
Ô Amour, porte cette offrande de fleurs
aux jeunes filles qui retrouveront,
en ce printemps nouveau,
leurs amants!
Ô Chabanous et Shahs,
Sultanes et Sultans,
Hanums et Effendis,
Mesdames et Messeigneurs,
venez fumer votre narguilé
au parfum de fleur de pêcher
sous les blancs amandiers de Stamboul,
assises et assis sur la terrasse
du café du soleil couchant
s’étalant sur les nues
qui, ainsi que des oiseaux de paradis,
volent au-dessus
de la Corne d’Or!
Ô Bien-Aimée,
blanche comme un amandier de Février,
je ne puis m’éloigner de toi
ainsi qu’un papillon
qui à l’aube voltige sans cesse
autour d’un calice
rempli de rosée
et je destine toutes mes caresses
à ton corps
qui est la coupe odorante
où je bois ce nectar des dieux
que les Hindous nomment
le soma!
Car ton coeur est en sucre
et le miel de serpolet
et le lait d’ânesse de Canaan
ruissellent de ta bouche
semblable à un bouton de rose
de Turquie!
Ô ma belle,
mon unique amour,
c’est la seule fois
où j’aimerai ainsi!
Souhaitons, veux-tu,
oui, souhaitons
que notre union imminente
soit scellée
par la venue en ce monde
d’un prince heureux
ou d’une Apsara gaie
qui sera, lui ou elle,
notre enfant légitime,
l’enfant de l’amour!
TIGE DE SANTAL
RECUEIL INEDIT. DU 31 JANVIER AU 6 FEVRIER 2008