De l’Unicité de la Bien-Aimée


Aphrodite,
la Paphienne aux longues prunelles,
m’a regardé à l’aube
du haut de son char céleste,
tiré par les cygnes du Caystre!


Et à cause de Son regard
où perçait Sa faveur,
je me suis élevé
bien au-dessus des hommes du commun,
bien au-dessus de la terre!


Oui, je me suis exalté
de ta chair lumineuse
de jeune femme née
au premier matin du monde!


Quand je te vis pour la première fois,
je sus aussitôt que tu étais
l’Elue de la Déesse,
celle qu’elle avait distinguée
d’entre les vierges de l’Attique,
celle qu’Elle me destinait
de par Son infinie galanterie,
Sa bienveillance sans bornes!


C’est que ton corps
a reçu des Déesses
la même grâce
que celle qu’Elles ont accordée
au Jour,
la grâce qui consiste
à faire porter des fruits
au ventre opulent
de notre Vénérable Mère la Terre!


Et si un voile
blanc comme la neige
d’un amandier en fleur
recouvre ta tête illuminatrice,
c’est dans le but
de ne pas t’attirer l’envie
des filles du Soleil,
pourtant déjà plus belles
que des brebis toutes blanches
et plus fertiles que les génisses
paissant dans la plaine de l’Elide!


Or, si tu es restée la même
à travers les âges différents
de ta vie,
c’est que ton âme musicienne
brille sous ta gorge
chantée par tous les trouvères
et sous ta croupe
plus magnifique qu’un cytise épanoui!


CYPRES D'AMOUR

RECUEIL INEDIT. DU 7 AU 15 FEVRIER 2008