L’Oriflamme des Braves


Ô Fayrouza, caresse de mer turquoise,
ô ma Zoumouroud, temple d’émeraudes,
blottis-toi contre mon sein
qui a contemplé toutes les mers
et tous les temples,
et qui a visité les entrailles
de la Terre
et les profondeurs du Ciel
et que toutes les Péris ont désiré
et que toutes les Houris ont baisé!


Car j’ai navigué à travers
tous les océans de la beauté
et j’ai parcouru tous les continents
de la tendresse!


Mais je n’ai jamais rencontré
une telle puissance,
une telle beauté
que la tienne!


Or, il est rare,
il est même rarissime
qu’une dame ait un aussi beau port de tête,
pareil presqu’à celui d’un aigle royal,
et une telle démarche,
identique en tous points
à l’allure de la perdrix de montagne!


Certes, ce n’est point te louer
que de te comparer
à l’illustre Reine d’Égypte Néfertiti
que tu as surpassée
par le regard souverain
et la langueur de la bouche!


Puisse Allah m’accorder
assez de longévité
pour que je puisse,
sans épuiser mes forces,
célébrer à longueur de journée
ta taille fine comme un cheveu de Pharaonne,
de Chabanou ou de Bégum
et comme une bague d’empereur moghol!


Et que dire de tes cils,
pareils aux gouttes de rosée
sur les camélias,
et de tes sourcils,
ces arbres d’Ispahan,
ces fusils de chasse?


Accéderai-je de mon vivant
à tes prunelles noires,
profondes comme la mer Rouge
et vastes comme la Caspienne?


Et jouirai-je jamais
de l’ivresse céleste
que prodigue le blanc de tes yeux,
pareille à l’ivresse
causée par le lait chaud,
mélangé au miel épais et blond?


Comment, sans blesser la vérité,
omettre de mentionner
dans le présent cantique
le pouvoir magnétique
de ton dos voluptueux,
cet impossible, cet irrésistible aimant
attirant à lui
même les coeurs les plus durs?


Je finirai cette ode
composée en hommage
à la divine Bonté,
par l’évocation de ta chevelure d’ébène
t’arrivant jusqu’à la taille
et qui me suggère
les contes interminables de Shahrazade
et les oiseaux fabuleux
des légendes persanes!


À cette ultime évocation,
j’ajouterai une autre,
plus stupéfiante encore,
celle de ce morceau de guerrier,
de ce morceau de Roy
qu’est ta croupe,
habile à se mouvoir
à la manière d’un torcol
et si prompte à passer à l’attaque
et à conquérir les âmes
des troubadours
et de tous les hommes véridiques!


Puisse Allah,
mon Seigneur et Roy,
s’il est satisfait de moi,
m’accorder le présent
que depuis toujours j’espère,
à savoir la contemplation
de ta vulve,
cette oriflamme des Braves!


LA SULTANE ET LE MAMELOUK

RECUEIL INEDIT. DU 29 FEVRIER AU 4 MARS 2008