La Seiche


Ô ma seiche souple et malléable,
douce comme le miel de thym
et terrible comme les félins d'Asie,
mes doigts agiles et suaves
t'électrisent
et te font ronronner
ainsi qu'une chatte langoureuse
et glousser ainsi qu'une poule aimante!


L'encre que tu répands dans la mer
afin d'égarer tes ennemis
ne me trouble guère,
puisque c'est avec elle que j'écris
mes odes les plus longues
et les plus hautes!


Je sais même te dénicher
sous le sable blanc de la grève de Samothrace
où tu guettes une proie!


Oui, même là, je sais te prendre
et te caresser après,
comme une tendre compagne,
sous le soleil démesuré
qui brille au milieu de l'azur!


C'est que l'amour est
comme les graines du pavot
qui, desséchées, peuvent servir
à composer le plus funeste des poisons,
mais d'elles,
si on agit avec science,
on peut extraire
le plus merveilleux
des élixirs de jeunesse!


Tu es ma magicienne Circé,
soeur de Pasiphaé,
cette îlienne toute lumineuse!



Tu es la glorieuse Circé
qui trouve du plaisir
à métamorphoser ses amants
en pourceaux par ses philtres invincibles!


Mais moi,en brandissant mon poignard,
je parviens à te détourner
de ton sinistre dessein!
Et alors, je monte avec toi
sur ta couche,
chaude de ton corps,
et j'y exécute les oeuvres angéliques
pour lesquelles je suis né!


Et de t'adorer
comme une immortelle vache de mer
qui sait prophétiser
et dire la grandeur de l'Océan
dont elle est la fille
et la Déesse ou la Sainte!


Oui, tu es la plus agile
d'entre les Nymphes marines,
ô mon vase à ivresse,
mon vase d'allégresse!


VASE A IVRESSE

RECUEIL INEDIT. JANVIER 2006