Le Sésame de la Vie


Ô magicienne adulée de mes sens épanouis,
sésame de ma vie
et clé donnant accès
à tous mes trésors,
ta croupe impériale
est si large,
qu’elle peut contenir en elle
huit jarres pleines de miel d’oranger
ou dix onces de beurre muscade,
et ses formes recourbées
aiment à s’imprimer en creux
sur tous les sofas
et tous les matelas,
tant son poids est imposant!


Car elle est lourde
comme le soleil,
voire comme la Voie Lactée
et tous les astres
dont celle-ci se compose!


Tes seins sont deux cimes arrondies
et enneigées de montagne grecque
et sous ta tunique satinée
s’étend un verger parfumé de lune
et irrigué par les trois canaux
de ta bouche, de ta vulve
et de ton anus!


Quand tu fais tinter en marchant
tes bracelets de pied,
je crie d’allégresse!


Quand tu secoues ta croupe,
je m’incline jusqu’à terre
devant ton exceptionnelle beauté!


Quand tu chantes ou tu parles,
ta voix fait de moi
le plus illustre des ivrognes!


Quand tu roules tes fesses bénies
en te promenant,
j’en meurs!


Quand tu danses,
je crois voir un oiseau
au cou enguirlandé de perles!


Quand tu me lances une oeillade,
tu me transperces de part en part!


Et quand, enfin, je contemple
tes cuisse nues,
droites comme des cyprès,
je m’emballe comme un noir coursier!


Or, tu es dulcissime et suavissime,
en vraie femme de coeur,
et tout un printemps est en train de passer
sur la roseraie embaumée de ton âme
qui se soulève jusqu’au ciel,
comme un paon
qui s’envole du toit d’un ashram hindou!


Ô toi que jalousent
tous les pétioles des camélias
et toutes les tiges des roses,
agrée le présent cantique,
sanctifié par les évocations
de ton corps,
pareil à une amphore d’or
qui contiendrait du vin de Samos
et que je garderais précieusement
dans une cave fraîche
comme le vent du Nord
qui souffle en plein été
de tes seins fleuris
sur la petite vallée libanaise
où je rêve!


LA SULTANE ET LE MAMELOUK

RECUEIL INEDIT. DU 29 FEVRIER AU 4 MARS 2008