Sett Donia


Ô Sett Donia,
ta hanche à la largeur salutaire
d’une cuisse éléphantine
et à la lourdeur massive
d’un portail de bronze
de harem impérial
à Ispahan la Verte,
ta hanche, disais-je,
oui, ta croupe de cavale
de la race El Ajouz,
est recouverte d’une étoffe somptueuse,
d’une étoffe tissée
par les meilleurs tisserands de Syrie
et faite d’un velours de Damas
aux dessins de roses
et d’oiseaux de paradis!


Or, ta robe met si bien en valeur
les parties délicates de ton corps,
que je crains à chaque fois
d’expirer sur-le-champ,
en te voyant balancer tes hanches
à droite et à gauche,
comme font les jeunes Orientales
à la recherche d’un compagnon!


Ô Sett Donia,
princesse inaccessible
comme un astre de l’Infini,
volontiers je prendrais le risque
de périr
dans mon effort
de t’atteindre!


Or, la mort elle-même
serait, peut-être, plus désirable
qu’une vie passée si loin de toi!


Car, qu’est-ce qu’est alors mon amour,
si une distance aussi énorme
me sépare de ma Bien-Aimée,
à la fois sujet et objet,
instrument et but
de mes aspirations au bonheur terrestre?


C’est que tu es la fleur vierge,
la rose de chair,
d’un tel velouté
qu’elle est au-dessus
de toutes les richesses de ce monde,
à l’image des trésors surnaturels,
c’est-à-dire des richesses mystiques
du Saint-Esprit!


Ô lait! Ô miel!
Qu’êtes-vous, donc,
comparés à la salive
de la bouche aimée,
cette eau de roche qui jaillit
comme le jus des raisins
non encore pressés
sous tes dents, ces perles
qui ont la couleur des jasmin de Grèce?


Et, si je loue tant ta salive,
que dirais-je de tes lèvres,
plus douces que le sucre,
plus suaves que le vin de Samos
et plus reposantes que le mastic de Chio?


Et, si je loue tant tes lèvres,
que dirais-je du grain de beauté
sur ton téton gauche
et de ta chevelure noire et frisée,
cette voleuse de coeurs,
cette briseuse, cette émietteuse
d’âmes amoureuses?


Et, si je dis tant de bien
des grains de beauté
que tu portes sur ton sein gauche,
et de ta noire chevelure,
que ne dirai-je des caresses
de ton regard soyeux
comme la queue de cette petite chatte angora
que je caresse
et qui me remercie de ses yeux d’or?


Ah! Par Allah!
Par ce matin d’Avril
où Aphrodite est née,
je viendrai par effraction
te prendre dans mes bras
et mêler mes cuisses à tes cuisses,
ô fille de mon âme
et soeur de mon coeur!


L'OISELLE DE L'EDEN

RECUEIL INEDIT. DU 12 AU 17 MARS 2008