À l’Ombre d’un Chardonneret
Assis à l’ombre d’un chardonneret,
je chante,
en m’accompagnant d’une guitare d’Égypte,
la plus belle
d’entre les belles,
le joyau des joyaux,
le bijou des bijoux,
la merveille de son temps,
la luthiste la plus accomplie
et la cantatrice la plus exquise
et la plus prodigieuse!
C’est que la peau de sa croupe
est blanche et lactée
comme une pierre de lune
et elle sent le jasmin
à peine cueilli,
cependant que son ventre embaume
comme une cassolette d’or
qui contiendrait du parfum d’aloès!
Et sa vulve même est une aiguière
enrichie de perles et de rubis
et pleine d’eau de roses
avec laquelle je me lave la figure
et l’âme!
Quant à ses cuisses,
ce sont deux soliflores
portant chacun une rose bulgare
à cent feuilles!
Ses seins, eux, ce sont des poteries attiques,
qu’on dirait à peine sorties
d’un atelier athénien
de l’époque classique!
Et, en chantant ma Bien-Aimée,
des larmes viennent
à mes paupières,
tant, à la seule évocation
de ses charmes,
mon coeur se trouble
et se grise!
Me vient alors la souvenance
de ces vers du poète:
«Quand tu t’éloignes,
je meurs,
quand tu approches,
je me grise!
Ainsi, je vis en brûlant
et je m’éteins en jouissant!»
DATTES MURES
RECUEIL INEDIT. DU 18 AU 26 MARS 2008