Sett Boudour
Ô dame Boudour,
ma main tremble
en traçant sur le papier
ces mots si hardis
et qui te sont destinés:
«Je frémis quand, d’un pas de Souveraine,
tu passes devant mes yeux affolés
avec cette somptueuse croupe,
semblable à une grande palme
étale sous le zéphyr
qui souffle sur l’Orope,
à trois heures de l’après-midi!
«Oui, ma respiration s’arrête
quand tu passes devant moi,
avec ce derrière énorme, fastueux
et abreuvé d’eau de roses,
pareil à une rose de Bagdad
arrosée de clair de lune et de rosée!
«Ah! Quelle hanche que la tienne,
plus tendre que le beurre,
plus douce qu’un sorbet à la pastèque
et plus légendaire
que la plus prestigieuse
des pâtisseries de Paris, de Vienne
ou d’Orient!
«Or, rien qu’à contempler
tes flancs opulents,
mon âme s’exalte
en se grisant,
comme si je visitais le Patio des Myrtes
à Grenade, cette cité annonciatrice
du Paradis sur terre!
«En vérité, je me demande,
de ta prunelle noire
ou de ta croupe de neige,
laquelle est la plus exaltante,
la plus enivrante,
la plus dilatante?
«En effet, quand les myrtes de Damas
me sourient,
je crois voir tes yeux
en train de me sourire,
car ils sont plus brillants
que le soleil d’été
et plus grands et plus parfaits
que la pleine lune de Mai!
«Et, puisque tu réunis
toutes les perfections du corps
aux perfections de l’âme,
tu ne seras point étonnée d’apprendre
que je suis le brûlé de ta chair
et l’enivré de ton âme!»
DATTES MURES
RECUEIL INEDIT. DU 18 AU 26 MARS 2008