À la Femme-Lézard


Ô mon beau lézard
à la langue bleue,
azurée comme les lapis-lazuli
de l'été attique,
bleue comme les topazes bleues
ou comme la brise de saphirs
qui bienfaisante souffle
sur l'illustre cité d'Athènes
au mois de Mai!


Oui, mon doux lézard,
parure de ma paresse,
ta langue est comme la fournaise à rêves
où cuisent les songes éveillés!


Ô femme bleue,
sous ton balcon d'amour
chante le rossignol
dont le cou contient
le larynx de la passion
dont les plaintes sont
les plus suaves qu'on ait jamais entendues
sous la lune de Mai!



C'est que tu es la plus belle
d'entre les fleurs de citronnier
qui exhalent le parfum
des belles femmes d'aujourd'hui
et de naguère,
l'arôme même de l'amour,
tel qu'on le connaît
depuis la première nuit de printemps
où Adam prit dans ses bras
une Eve consentante, insinuante,
languissante, provocante!


Depuis ta chambre haute
parvient, jusqu'à mes narines,
l'arôme de ta beauté
auréolée de femelle royauté,
de ta beauté ardente
qui est, sous le signe de Sirius,
embrasée par l'été
le plus chaud
et le plus sec!


Or, je t'attends au bosquet de myrtes
d'Aphrodite,
cette soeur des hommes
comme des femmes
à qui, anticipant sur notre commun plaisir,
j'offre d'avance
tous nos entretiens amoureux
qui se dérouleront sous le plus beau
des ciels,
le ciel d'Ionie!


Là-bas, assise à mes côtés
sur un banc tressé de feuilles
d'arbres de Judée,
tu rêveras de moi
comme moi j'ai rêvé de toi
toute ma vie
dont chaque instant
fut, jusqu'ici,
une goutte de vin ionien
de l'espérance verte!


LES SERPENTS DU SALUT

RECUEIL INEDIT. JANVIER 2006