La Flûte à Sept Trous
Ô ma douce palmeraie d’amour,
ta bienveillance est l’ombre
où je me plais
et la fraîcheur dont je suis le complice!
Ô fille adorée,
ce n’est qu’en toi que réside
la paix de mon âme,
et si le prix des faveurs insignes
que tu m’accordes aujourd’hui
était ma vie,
je te donnerais, non pas un trésor
de mille besants d’or,
mais ma vie elle-même!
Laisse-moi, ô toute belle,
laisse-moi mordiller les pommettes roses
de tes tendres joues
et baiser ta chevelure,
des ténèbres noires de laquelle
se lève le soleil d’été
de ton front splendide,
riche en pensées délicates
s’exprimant dans l’art de jouer
les instruments à cordes!
Oui, laisse-moi poser un baiser
entre tes yeux
où montent les astres scintillants
de la nuit orientale!
Et je soufflerai bientôt
dans ton corps sonore,
comme dans une flûte
à sept trous
que la caresse de mon haleine de lion
avivera!
Sur le tambourin de ta croupe,
je battrai le rythme
de la mer infinie!
Et je toucherai les cordes
de ton luth persan
avec une plume d’oie taillée!
Et ton luth résonnera
sous mes mains fines
au gré de ton désir,
tantôt houleux comme un océan austral,
et tantôt calme
comme une eau de source!
Ô ma Bien-Aimée,
tu es mon ciel de Damas
et la cognasseraie même
qui jouxte cette cité,
célèbre pour la valeur
de ses dames!
LA MAJESTUEUSE INCONNUE
RECUEIL PUBLIE AUX EDITIONS ENCRES VIVES, COLL. ENCRES BLANCHES, EN SEPTEMBRE 2008