L’Extraordinaire Étrangère
Les beautés de cette extraordinaire étrangère
que j’aime,
sont aussi nombreuses
que les grains de sable du désert de Libye
et que les vagues de la mer!
Sa taille est si fine
que, sous le soleil,
elle ne projette point d’ombre
sur le sol!
Et sa large croupe est si monumentale,
que seul le Commandeur des Croyants
pourrait en faire une description juste!
Je dirai simplement
qu’elle est plus solide
et mieux bâtie
que la coupole de la Grande Mosquée
de Jérusalem
et que la coupole de Sainte-Sophie,
à Stamboul la Roumie!
Et quand mon étrangère
est montée sur son alezane,
sa croupe arrondie et pesante
se confond avec la croupe fauve
de sa jument qui jette des flammes
par les naseaux!
Mais comment parler
de son ventre,
brillant comme un astre de la nuit,
et de ses cuisses bénies,
sans rester fort en deçà
de la réalité?
Je me contenterai donc,
de rapporter que son ventre possède
cet ombilic de Delphes
que les Anciens appelaient
l’ombilic du monde!
Quant à ses cuisses vaillantes,
ce sont, en fait, des colonnes
du temple solaire
de Thèbes l’Égyptienne!
Son corps est, en vérité,
plus souple qu’un rameau de jasmin
et plus élégant
qu’un flamant rose!
À cela, il faut ajouter
que, quand elle chante mes vers,
elle se balance rythmiquement
sur ses hanches,
ainsi que cet oiseau
extraordinairement mobile et agile
qu’on appelle le torcol!
Sa nuque de camphre blanc
est la nuque d’un cygne blanc
et autour de son cou,
elle porte les sept Pléiades!
Et ses seins seraient en granit rose,
s’il n’étaient élastiques
comme des pains ronds,
à peine sortis du four!
Ô étrangère mienne,
enveloppée de la nuit odorante de Mai
de ta chevelure,
tu es un trésor
qui ne se montre
qu’à mes yeux stupéfaits
et éblouis
par tant de beauté!
LA MAJESTUEUSE INCONNUE
RECUEIL PUBLIE AUX EDITIONS ENCRES VIVES, COLL. ENCRES BLANCHES, EN SEPTEMBRE 2008