La Fleur de l’Infini


Ô toute blanche pigeonne volante
de mon espérance,
ô ruisseau de miel attique,
ô ma tourte-belle Bien-Aimée,
ton derrière est un gâteau au beurre fondu,
au sucre et à la fleur de farine!


Oui, ta croupe est un morceau de paradis,
un petit coin d’Éden
pareil au plus beau et au plus vermeil
des couchers de soleil du Siam!


Oui, ton bassin est tout en or
et ses fondements sont en pierres précieuses!
Et il est plein d’eau de roses,
au milieu de laquelle se dressait jadis
la fleur rouge-feu
de ta virginité bénie!


Or, un beau matin d’Avril,
je t’ai pris cette fleur,
qu’on appelle aussi rose marine!


Oui, en sortant du jardin
de ma jeunesse,
j’ai emporté à la dérobée
cette fleur plus magnifique
qu’une tulipe de Turquie!


Or, la suave princesse Schahrazade
disait dans son langage fleuri
qu’heureux est celui qui sort
du jardin de ce monde,
en emportant avec lui
une seule fleur,
ne serait-ce que celle de la blessure d’amour!


Et dans mon cas, il y eut blessure
et plaie d’amour!


Car mon âme fut meurtrie
par la séparation
imposée par l’espace et le temps!
Et je pleurai comme Jacob,
je soupirai comme Job
et je maugréai comme Jérémie!


Mais voilà que le temps
me ramène le souvenir
de ce jour béni
où je t’ai pris ta tulipe de Turquie,
cette fleur de l’Infini!


LA DAME DE MARBRE

RECUEIL INEDIT. DU 22 AU 29 AVRIL 2008