La Fiole de Sucre


Hier, par une journée sublime d’Avril,
où l’air était parfumé
comme une boutique d’aromates,
je me suis immobilisé
pendant une heure de temps
derrière ta croupe
qui semblait un fruit lourd
sur la branche d’un grand pêcher
ou une fiole de sucre
suspendue au vent du printemps!


Comme le coeur de l’amoureux
est chose admirable!
Tant et si bien que
la divinité elle-même y réside!


En effet, ce pauvre coeur,
malgré son exiguïté,
voit dans les ténèbres
briller les trésors merveilleux
que l’oeil profane ne voit même pas!


Sache, ô bellissime almée,
ô concubine exquise,
oui, sache que je me meurs d’amour
pour ta croupe de bénédiction
et que le feu de la passion
me dévore!


Oui, dès que j’ai vu
ta hanche langoureuse comme l’Asie,
la lampe de l’amour s’est allumée
et ma sagesse, telle un papillon,
vint s’y brûler!


Ô toi qui embaumes
le musc de Tartarie,
viens te promener dans ma rue,
le visage enveloppé
d’une fine gaze rose
et le front illuminé d’un diadème
qui te fera paraître
comme une nouvelle lune
dans le firmament étoilé,
désormais ouvert à l’espoir!


Ah! Sentir ton haleine
semblable à la senteur
du chèvrefeuille en été!


Ah! Pénétrer dans la nuit
constellée de perles
de ta chevelure de corbeau
qui fait danser mon âme!


Ah! Caresser ton sein
où palpite un coeur qui m’entend
et que j’entends,
voire qui m’écoute
et que j’écoute!


LA DAME DE MARBRE

RECUEIL INEDIT. DU 22 AU 29 AVRIL 2008