L’Abeille de l’Âme
Ô rose unique des jardins de l’Éden,
ô perle non perforée
de l’écrin céleste,
ô abeille de l’âme,
tu m’illumines par ton éclat
et tu me brûles par le piquant
de ton regard,
tu me purifies par le feu
du désir que tu suscites en moi
et tu me nourris par le miel
de ta parole!
C’est que tu possèdes une double personnalité,
tu es à la fois la suave Parvati,
épouse de Shiva,
et la cruelle Kali,
ou tu es semblable
à la fois à un doux Jésus
et au Christ Justicier!
J’étais encore au berceau,
quand tu es venue te poser
sur mes lèvres,
comme si j’étais un nouveau Platon
ou Ambroise de Milan!
Et tu m’as rendu,
par ton frôlement d’abeille butinante,
aussi éloquent que Démosthène
et aussi lyrique que Saphô!
Dans cette couronne d’épines
que je porte depuis toujours
sur la tête,
voyez plutôt, vous autres,
le soleil même
avec ses rayons immortels!
Et le poète dit qu’il faut savoir mourir
pour naître à l’immortalité!
Or, j’a su mourir
à deux reprises,
en cessant d’être un homme
et en devenant semblable à un héros tragique
ou à l’Abraham biblique
qui, contre tout espoir,
quitta son pays et ses amis,
car il crut en l’espérance!
Ô toi, ma Prêtresse et ma Pythonisse,
agrée cette ode,
pareille au frôlement d’une rose,
par ta bouche d’abeille!
PORT DE LUNE
RECUEIL INEDIT. DU30AVRIL AU 8 MAI 2008