Hymne à une Beauté Fleurie au Clair de Lune
En prélude à cet hymne
de la lune marchant du premier croissant
à la pleine lune,
je chanterai l’appel de tes petits pieds,
si légers et si délicats
que quand tu te promènes dans les jardins,
tu sembles fouler des nues blanches,
là-haut, au ciel des Apsaras!
Et que dire de tes orteils
si habilement teints,
qu’en eux semble se concentrer
toute la finesse de l’Inde amoureuse
et qu’ils ressemblent à une plage de sable
de l’Océan Indien,
aux coquillages versicolores!
Comment chanter,
après avoir vu tes mollets
pénétrés des roses de la jeunesse?
Tes jambes adroitement dessinées
sont des colonnes ioniennes,
par opposition aux piliers égyptiens
de tes cuisses faites avec des matériaux
ramenés de Babylone!
Et comment respirer,
après avoir contemplé
la naissance de tes fesses
dont les flèches innombrables
m’accablent et incendient mon esprit,
car leurs bouts brûlent?
Et comment taire la beauté
de ton anus, cet orifice
où je jouis de la béatitude de vivre
au Paradis terrestre,
parmi les fleurs et les oiseaux
de toutes les couleurs?
Et comment peindre par des mots
cette perle cachée au fond de ton pubis
et de la perforation de laquelle
naîtront des enfants
qui seront l’orgueil des Hindous
et un sujet de fierté
pour la terre entière?
Ah! Connaître l’hospitalité
de ton ventre de satin,
au centre duquel se trouve
l’ombilic de l’univers,
d’où des rayons de lumière
partent dans les quatre directions,
vers les coins les plus reculés
du monde
et que seul l’Intellect peut saisir!
Comment chanter ta taille,
sans évoquer la finesse
de l’anneau d’Asoka,
le Salomon du bouddhisme
et la minceur de chacun
de tes cheveux de soie?
Et l’ombre qu’elle projette
est si invisible,
si immatérielle,
qu’elle suffit à rafraîchir mon âme
aux chaleurs torrides!
Quant à tes seins,
ils disent la fermeté des Dieux,
et quand je les pétris
avec les deux paumes,
il semble pleuvoir de leurs pointes rouges
des grappes de raisins célestes!
Et comment parler, sans défaillir,
du sillon sinueux de ton dos
qui mène tout droit
à l’Éden de ta croupe?
Mais, je ne chanterai guère,
ni ta nuque,
cette culmination de tendresse,
ni ton cou long
qui semble le cou d’une gazelle
buvant au crépuscule
dans un étang,
ni les émeraudes de belle eau
de tes prunelles émouvantes,
ni ton nez de statue,
ni l’arc parthe de tes sourcils,
ni tes paupières envoûtantes,
ni les feuilles de laurier
de tes cils magiques,
ni tes petites oreilles roses
en forme d’amandes,
ni, surtout, tes lèvres de carmin,
qu’après avoir bues,
je tombe par terre,
ivre des baisers du soleil,
ainsi qu’un Immortel!
Je chanterai pourtant, tes bras,
si joufflus et si suaves au toucher
qu’ils appellent la caresse,
tes avant-bras fleuris au clair de lune
et tes mains aristocratiques
qui délirent de la joie d’offrir
et de s’offrir!
LA FILLE AUX PRUNELLES VERTES
RECUEIL INEDIT. DU 25 AU 31 MAI 2008