En Hommage à Ronsard


À l’ombre douce d’un myrte
et d’un cyprès,
je reposais en votre compagnie,
ô demoiselle dont la force est
dans la faiblesse
et la vertu dans la souplesse!


Et mon chevet,
uni au vôtre,
était une fleur qui bleuissait
sous le ciel égéen!


Vous laissiez tomber, Mademoiselle,
oui, vous laissiez tomber
de votre cou
les perles dans l’onde
toute proche!


Et, en étendant vos jambes polies,
vous faisiez rouler des diamants
sur la prairie
et, en changeant à peine de place,
vous répandiez des roses pâles
sous le ciel que je chantais
sur mon luth
qui apprivoise les chagrins!


Et les Nymphes gracieuses
qui se baignaient dans cette fontaine
accouraient, admiratives et argentées,
montées sur des faons délicats
dont elles caressaient le dos
de leurs mains fines
où brillaient des bagues
de lapis-lazuli et de rubis!


Heureux qui meurt ainsi
sur une pelouse édénique,
enlacé de sa Bien-Aimée,
sous l’azur de Mai
qui l’appelle
auprès d’une fontaine délicieuse
qui sert de reposoir,
aux Naïades au grand coeur!


Ô Pierre Ronsard,
vous qui avez répandu
sur toute la poésie française
la grâce de vos amours,
vous seul pourriez reconnaître
dans cette mienne idylle
des traits que je sais
vous être chers!


Or, rien ne saurait
me procurer plus de joie
que de savoir
que mon livre vous a agréé!


LA FILLE AUX PRUNELLES VERTES

RECUEIL INEDIT. DU 25 AU 31 MAI 2008