Noces Troubadouresques


Ma Bien-Aimée ne se désaltère
qu’avec du nectar
et ne se lave qu’avec du lait d’ânesse
ou de jument!


Et elle ne se nourrit
que d’ambroisie
chue des nues blanches
de l’été commençant!


C’est que les torches nuptiales
tombées du ciel de Cypris
ont élu domicile dans son coeur
qu’elle partage avec moi
et dans ses prunelles
suaves comme les marrons
cuits sur les braises!


Quand elle se promène en barque
sur le Pô,
les filles du soleil qui guettent
dans les saules touffus
ou parmi les roseaux frais,
la suivent et entrent dans son sillage,
lançant des petits cris de lézard
ou chantant à tue-tête
l’hyménée de la belle épousée
aux yeux châtains
et qui se marie avec le troubadour
au chapeau de paille
fleuri de roses,
comme dans les banquets
de l’Antiquité!


Or, ce sont ces Naïades argentines
qui ont nourri le coeur de l’Aimée
de l’espérance de noces troubadouresques,
suivies d’ébats champêtres,
sous les cheveux des peupliers du Pô,
entre roses incarnat et narcisses,
muguets et aubépines,
jacinthes et blancs papillons de Juin
et au milieu des danses
des tulipes rouges
sur fond de musique
de madrigaux chantés avec passion
et accompagnés d’une voix profonde
de luth de Florence!


CRIS DE LEZARD

RECUEIL INEDIT. DU 1ER AU 8 JUIN 2008