À une Beauté Vivante
Du marbre blanc de Paros,
du marbre jaune à veines bleues de Bithynie,
de l’albâtre transparent d’Égypte,
du cristal de roche
le plus clair,
du blond ambre de la Baltique,
de l’or péruvien le plus pur,
de l’argent le plus poli,
extrait de la mine, aujourd’hui épuisée,
du Laurion,
des perles noires de Tahiti,
des saphirs d’Orient,
des rubis de Ceylan,
de l’ivoire africain
et de l’ébène des îles,
des artistes fameux comme un Praxitèle ou un Canova,
ne pourraient tirer qu’une image qui pâlirait
devant ta face resplendissante
comme la pleine lune de Juillet
ou comme le soleil de Juin!
Et certes, tes prunelles
passent en gloire
les plus beaux émaux de Byzance
et d’Italie!
Oui, que sont les rubis
les plus ardents,
comparés à tes lèvres de vin vermeil
et que sont les grands crus de Bourgogne,
eux-mêmes,
comparés à ta salive
au goût de sueur de cygne
mêlée à un vin de Bohême?
Et comment un marbre célèbre
comme le marbre de Karystos
pourrait-il traduire
sur un buste grec
ton nez aussi voluptueux
que le nez de Cypris
et plus droit que celui des Caryatides?
Quel porphyre ou quel marbre
choisir pour rendre la beauté
de ton cou néfertitéen
et de ta gorge compacte
d’Apsara?
Heureux le sculpteur
qui s’attellera à la tâche herculéenne
de traduire sur une noble matière,
or, argent, marbre ou ivoire,
l’insigne beauté,
voire l’infinie bonté
de ta chair de gloire!
CRIS DE LEZARD
RECUEIL INEDIT. DU 1ER AU 8 JUIN 2008