Le Corail Matriciel


Ô Naïade
qui nages musicalement
dans la paix,
court est le chemin qui mène
de ton ample croupe d’alezane,
semblable à un autel de Diane,
oui, courte est la voie qui mène
de ta bonne hanche chevaline
à la mer de Crète
de ton ventre
où flotte le corail rouge
de ta belle matrice
dans un silence solennel
de temple sous-marin,
interrompu, çà et là,
par les cris des phoques
ou par les vagues
que des fonds de l’archipel
soulève Nérée,
en dieu de la mer
qu’il est!


Or, le corail de ta matrice
a reçu sa couleur rouge
du sang de la terrible Gorgone
qui a dégouliné sur lui
de la tête du monstre,
lorsque celui-ci fut tué par Persée,
ce rejeton de Zeus le Père,
le même héros
que celui qui tua
le chien des Enfers, Argos!


Voilà pourquoi, ta matrice,
ayant reçu sa force
de la Gorgone monstrueuse,
m’a été si bénéfique
en m’accordant une nombreuse progéniture
en fait d’hymnes, d’incantations,
des chants d’hyménée
et d’épithalames!


L’on dit même que le corail,
en enfant de la mer qu’il est,
possède en lui de nombreuses vertus
et c’est pour cette raison
que l’on l’utilise dans les amulettes
et les talismans!


À en croire Orphée,
ton corail mis en miettes
et mélangé avec une semence de froment,
éloigne des épis
la sécheresse qui consume leur moelle
et en écarte la grêle frugivore!


Or, j’ai mis à l’épreuve
ces vertus prophylactiques de ton corail
par les nombreux voyages
que j’ai effectués en mer
où j’ai eu raison des plus grandes tempêtes!


Non seulement
ta matrice m’a protégé
des plus mortels des périls,
elle m’a aussi offert la vie
et ses plaisirs extraordinaires!


LA DEESSE AUX MILLE CITES

RECUEIL INEDIT. DU 23 AU 29 JUIN 2008