La Promenade des Concubines


Les senteurs rassérénantes
des herbes sauvages,
les unes plus plaisantes
que les autres,
caressent les seins languides
des concubines impériales
qui visitent en landau
la campagne voisine de la capitale!


Et les odeurs d’avoine folle
et de foin
flattent les narines de ces dames
qui semblent fusionner
avec le soleil de Juin
en un nouvel univers
de pulpes de fruits parfumés!


Et les pasteurs de recueillir
le lait écumant
qui tombe des pis gonflés
des vaches
ou des seins des épousées de l’été!


Le lait est par la suite mis
dans des énormes jarres
que l’on emmagasine
à l’ombre des greniers
des palais de Cnossos et de Phaistos,
en Crète, la plantureuse île
aux cent cités!


Les vents étésiens
emmêlant les chevelures des vierges
et faisant rouler des pierres
du sommet des collines
se déchaînent au dessus de la mer Égée
dont les blancs moutons
déferlent sur les rivages
abandonnés à la splendeur
des feux de la Saint-Jean
et des étoiles scintillantes!


Cependant, les conseillers du Roi
ne veulent pas que les aèdes
écrivent des pièces lyriques
adressées aux dames de la noblesse,
de crainte qu’une révolte éclate,
suscitée par les instincts amoureux
du peuple!


Voilà pourquoi, je m’abstiens
dans le présent hymne,
pourtant érotique,
oui, je m’abstiens de citer le nom
de la plus splendide des dames,
la mienne,
et qui est la seule
à en comprendre toute la signification
et à en saisir toute la portée!


LA DEESSE AUX MILLE CITES

RECUEIL INEDIT. DU 23 AU 29 JUIN 2008