Le Somme


Une légion de mille cinq cents cigales
qui chantaient à tue-tête,
m’a offert au premier jour de Juillet
le plus doux des sommes
qu’il m’ait été jamais donné de faire
dans un été!


Or, je me suis assoupi
au milieu des arômes des pins
ou des herbes sèches,
mêlés au parfum de la mer
qui scintillait au loin
en Sainte Méditerranée!


Pendant mon somme,
j’ai fait un songe merveilleux
où une Naïade d’entre les Fées
m’entourait de mille soins,
ainsi qu’une jeune mère,
et tantôt me donnait à boire
ses lèvres coralliennes,
plus suaves que le miel attique
et plus rouges que les roses rouges,
tantôt une merveilleuse
eau de source de montagne
dans une coupe de bronze doré
où elle me versait ce séraphique liquide
d’une aiguière d’argent
qui ressemblait par la forme et la couleur
à ses seins nus
s’argentant au soleil de midi!


Et la Fée de me caresser
les cheveux et la face
comme cet eucalyptus
à l’ombre duquel je dormais
et comme le vent du Nord,
si doux, si salutaire en cette saison
qui préfigure le lever du Chien
où les courtisanes athéniennes
célèbrent Adonis,
leur dieu et amant!


Puis, je m’étendais
à ses côtés
sur un lit de plumes de perroquet,
mêlées aux nénuphars du Pénée,
cette rivière thessalienne
dont les flots sont bleus!


Et je finissais par pénétrer
cette noble dame
parmi le bruissement des tamaris
et l’assaut des lames marines
chargées d’écume
et formant des monticules rebelles
visités par les claires mouettes!


LES SILLONS DE FEU

RECUEIL INEDIT. DU 30 JUIN AU 07 JUILLET 2008