À une Colombe d’Aphrodite
Ô divine maîtresse,
ô blanche colombe d’Aphrodite,
peloter ta croupe pure,
c’est boire la liqueur de l’immortalité
et c’est s’abreuver d’une eau de source
du Pélion
ou des Monts Blancs de Crète
et c’est déguster, entouré d’amis,
le vin de Samos,
doux comme le miel de l’Hymette!
Oui, caresser ta hanche amoureuse,
c’est goûter du beurre de brebis
de Corse
et c’est passer la main
dans la soie de la peau
d’un cygne d’Apollon
ou dans le plumage d’une oie apprivoisée
et c’est palper le velours cramoisi
d’une chaise étincelante
de demeure éleusinienne
ou le satin bleu
d’un rideau de lit de Bagdad
ou l’ourlet en organdi
de la robe d’une princesse crétoise
à la coiffure de Parisienne
ou la mousseline en coton
d’une jeune fille d’Antioche
ou la tunique de lin
d’une courtisane athénienne de haut rang,
comme Aspasie!
Mais caresser tes seins compacts,
c’est écouter le chant d’un rossignol
pendant une nuit de Mai
où l’on a envie de pleurer,
tant tout est vraiment beau!
Et masser avec amour
tes cheveux d’eucalyptus,
c’est sentir passer la brise
dans le feuillage d’un ormeau,
c’est respirer l’arôme
d’une fleur de chèvrefeuille
et c’est peigner un labour
du soc de sa charrue
et c’est moissonner un champ de blé fauve
pendant la Canicule,
protégé par un vaste chapeau de paille!
Cependant, suivre de l’auriculaire droit
le sillon de feu
de ton dos d’Impératrice de Byzance
jusqu’à tes flancs de bronze hellénistique,
c’est écouter à trois heures
de l’après-midi d’été
le chant nostalgique du coucou
qui console des maux passés
et à venir!
LES SILLONS DE FEU
RECUEIL INEDIT. DU 30 JUIN AU 07 JUILLET 2008