La Terre Sacrée


De ma fenêtre qui donne sur la mer,
je contemple les côtes eubéennes,
opalines et par endroits smaragdines!


Au centre de cette Eubée
chantée par tous les rhapsodes
se dresse le mont Dirfé
qui me suggère le doux volume
de ta croupe sûre de sa beauté
et dominatrice,
ô charmante jouvencelle
qui à la nuit tombante
te donneras à moi
comme au prophète de l’été!


Ô toute belle Épousée,
le Parnasse à la double cime
évoque, pour moi exclusivement,
ta gorge sainte
autour de laquelle s’enroule
le serpent Pythô
que terrassera Apollon
et qui inspirera à la Pythie
ses transes et ses paroles oraculaires!


Et l’Hymette peuplé d’abeilles,
plus il approche de son sommet,
mieux il rappelle le miel de tes lèvres
humides de la rosée
de tes gencives roses!


Le Marathon aux plantureuses oliveraies
suggère, lui, tes cheveux
féconds en promesses!


Quant à Brauron la Marine,
elle évoque plutôt
ton torse noble d’Atthide
et tes cuisses dignes de celles
de la Déesse qui hante les montagnes,
l’Archère aux flèches d’or
et la Harpiste au coeur immortel!


Comme la dame des fauves,
Artémis ou Rhéa ou Cybèle,
danse pour moi
à la clarté des étoiles!


Oui, danse accompagnée du tambourin
et en faisant sonner les crotales,
deux roses rouges piquées dans ta chevelure,
deux roses pareilles aux cigales d’or
qui sont aussi loquaces et aussi ensorcelantes
que les cigales naturelles
et qui, comme ces dernières,
incendient l’atmosphère
déjà sèche
de cette contrée de mer et de tamaris,
de cette terre sacrée
comme un pays de cocagne!


CIGALES D'OR

RECUEIL INEDIT. DU 08 AU 15 JUILLET 2008