Ode à la Nouvelle Sémélé
Il suffit que tu te baignes
toute nue
dans l’Isménos, la rivière de Thèbes,
ou dans le fleuve aonien d’Asopos
pour que ton sombre pubis
devienne le miroir
qui reflète l’Âme du Monde
et pour que ton nombril
se substitue à Delphes,
le sanctuaire d’Apollon,
en tant qu’Ombilic de la Terre!
Oui, il suffit que tu pénètres
toute nue
dans l’onde d’une rivière
pour que la rose de ta croupe
s’entrouvre,
laissant paraître ton bel anus,
cette flèche de la passion,
et ta bonne vulve,
cible des désirs!
Quand je te vois nager
dans l’Asopos
et rejeter derrière toi
l’écume en battant des pieds,
je pense avant tout
à Sémélé, la fille de Cadmos
et la mère de Dionysos-Bacchos!
Elle aussi, comme toi,
se baignait toute nue
dans l’Asopos
le matin du jour
où, venu du ciel,
Zeus lui fit l’amour
et la rendit grosse de ses oeuvres!
Or, quelques heures
avant cet événement
aux conséquences incalculables
pour la pauvre humanité,
les Naïades qui voyaient Sémélé
nager dans l’Asopos
toute nue,
s’écriaient, étonnées:
«Quelle est cette beauté?
Est-ce une nouvelle Aphrodite,
née cette fois
de l’écume d’une rivière?»
«Est-ce la Lune
qui est venue se baigner
avant de rejoindre la couche
d’Endymion, son pâtre bien-aimé?»
«Est-ce Europe,
la soeur de Cadmos,
oui, Europe au large visage de lune
et aux grandes prunelles de génisse?»
«Mais si c’est une mortelle,
elle est digne vraiment
du lit embrasé de Zeus,
le Sire de l’Olympe!»
Es-tu donc une nouvelle Sémélé,
la glorieuse Thébaine
qui monta au ciel
après la victoire
de son fils Bacchos?
Or, tant qu’il y a de belles
sur la terre,
oui, tant que la beauté du corps
subsiste,
le cycle des Cosmogonies
n’est pas clos
et donc, le miracle
des unions extraordinaires
et des naissances divines
qui s’ensuivent
demeure possible,
voire probable!
OARISTYS D'HIRONDELLES
RECUEIL INEDIT. DU 16 AU 23 JUILLET 2008