Chaleur d’Or


Le tonnerre, les éclairs
et la foudre même de Zeus
sont peu de chose
face à la flamme amoureuse
devant laquelle le feu du Chien
lui-même pâlit!


En effet, au sein même
de la fournaise de Juillet,
dominent les flèches amoureuses
ou plutôt les thyrses
à la pointe ornée de lierre vineux
qui transpercent les poitrines candides
des paysannes et des paysans,
des pastourelles et des pastoureaux,
et de Pan lui-même,
ainsi que de ses nombreux enfants
faits avec des Nymphes,
comme on appelle les filles des montagnes
d’âge nubile!


Car bienheureux est Éros-Cupidon
dont les traits de feu
font ployer jusqu’au Maître de l’Olympe
et jusqu’à Poséidon-Neptune,
le Roy de la mer!


Et on oubliera pas de sitôt
le délire de Zeus
devant le corps nu,
si rose,
de Sémélé naviguant,
au milieu des flots,
sur le dos d’un dauphin éperdu,
la main droite sur le pubis!


Moi-même, quand je parcours
les campagnes brûlantes de l’Attique,
avec dans la tête
la musique affolante
des cigales de braise,
l’envie me prend d’invoquer Cypris,
la Dame de Chypre,
la si aimable,
la si souriante Déesse,
afin que son sourire,
où l’éternité se mêle
à l’éphémérité,
m’aide à affronter sans dommage
l’incendie allumé dans mon coeur
par le soleil de l’amour,
incendie qui cependant
est le bienvenu,
puisque il me soulage,
par sa chaleur d’or,
des blêmes frimas
de ma pâle solitude passée!


OARISTYS D'HIRONDELLES

RECUEIL INEDIT. DU 16 AU 23 JUILLET 2008