Oaristys d’Hirondelles


Hier au crépuscule,
alors que la chaleur était suffocante,
j’ai surpris une divine oaristys de vierges,
pareille à un pépiement d’oiselles,
voire à une chanson d’hirondelles humaines,
oui, une chanson prenante,
fascinante, envoûtante!


L’une des vierges
se moquait de mon regard
naïf et passionné,
cependant qu’une autre
fredonnait un hyménée marin,
appris lors d’un séjour
au Paradis des amours de jeunesse
d’où l’on revient transfiguré,
comme après un long voyage
en terre indienne!


Les unes avaient des prunelles opalines
et les autres châtaines ou noires,
mais d’un noir de velours de Damas!


Les unes avaient le teint
blanc ou rose,
les autres de miel doré d’oranger!


Diverses sensations,
les unes plus plaisantes que les autres,
se dégageaient de ces conversations
de jeunes filles
sans queue ni tête,
des sensations notamment
de zéphyr léger en été,
de frémissement de bougainvillées,
de murmure de ruisseaux,
d’ouverture de la terre,
de danse dionysiaque de thyrses
ou de course effrénée de Bacchantes
aux cheveux enguirlandés de roses
et ceints de serpents!


Car les suaves impressions
retirées de cette folie adolescente
étaient tempérées
par la dureté enjouée
de cet univers de filles
dont le Poète semblait
la victime expiatoire!


Cependant, la sphéricité
et la souplesse du corps
de ces Nymphes félines
semblaient garantir
la subtile observance par l’Aède
de la loi des correspondances,
principe même d’une Poétique
harmonieuse
et, avant tout, mélodieuse!


Et de l’incohérence,
de la gratuité
et de l’absence de signification même
des propos de ces jeunes filles,
il résultait paradoxalement
et par contradiction
une volonté chez le Poète
de maîtriser encore plus
son Verbe
et de donner un sens
à sa parole,
aussi véhémente
ou aussi amoureuse
que soit cette dernière!


OARISTYS D'HIRONDELLES

RECUEIL INEDIT. DU 16 AU 23 JUILLET 2008