Cybèle et son Aède


Accablé d’or de platane,
j’entreprends, les yeux fermés,
un long voyage égéen
qui me conduit, à travers une belle voie
de temples ioniens,
aux côtes vaporeuses d’Anatolie
dont le rivage danse
au fond de l’horizon
au gré du désir de la Grande Déesse,
Mère des Dieux
et Maîtresse Auguste des fauves,
Cybèle de Pessinonte,
de Dindymon et d’Ida!


Or, la Déesse d’Anatolie
a pour messagers ou anges
les poètes lyriques
dont les oeuvres portent les stigmates
de la passion ressentie
par le jeune Attis
pour Cybèle!


Car tout aède ou rhapsode est
un castré volontaire
par excès d’amour pour Cybèle,
un brûlé vif sur les flammes
de l’Autel de la Transcendance!


Oui, le feu le consume
et le couteau le blesse
et le tue!


Et, une fois mort,
il s’éveille à la musique des choses
et au mystère du monde en général!


Et c’est durant sa seconde vie,
qui sera bientôt suivie d’une troisième,
puis d’une quatrième,
oui, c’est durant une nouvelle vie
que le Poète compose ses odes
où il célèbre les Déesses
Cybèle et Aphrodite
dont les amants respectifs
furent Attis et Adonis,
morts d’Amour pour Elles!


SANG EGEEN

RECUEIL INEDIT. DU 24 JUILLET AU 06 AOUT 2008