L’Île de Silence


L’humanité actuelle,
oscillant entre avidité
et saturation,
entre insignifiance et misère,
et entre raillerie et inimitié,
trouble mon coeur
et vainc mes yeux,
abrégeant ma vie!


Cependant, mon regard,
purifié par la contemplation
de la mer moutonnante à l’infini,
se fixe librement sur ton corps,
ô Naïade qui passes sur le chemin
menant à la grève
où les palmes dansent
avec les tamaris du bout du monde!


Mais, si mon regard est captif
de ta chair,
il ne s’y pose qu’avec tendresse
et esprit de renoncement,
prenant appui, tantôt sur la montagne anatolienne
de ta croupe,
tantôt sur l’estivale nue de ta figure,
tantôt sur l’olivier béni
de ta chevelure
qui, dans mon imagination
fouettée par le vent étésien
venant de la Mer Noire,
devient un navire
à la haute mâture,
aux voiles qui sont des feuilles bruissantes
où chantent les cigales
et dès la nuit venue
les petits grillons,
et au gréement que composent
tes longs cils
et tes paupières peintes
de prêtresse samienne!


Or, le miracle de l’Égée
n’est autre que le miracle de ton corps
pareil à une île de silence
et d’harmonie!


SANG EGEEN

RECUEIL INEDIT. DU 24 JUILLET AU 06 AOUT 2008