Le Cantique de la Mer Égée


Assis à l’ombre d’un olivier,
le chapeau de paille bien vissé sur la tête,
j’ai tressé cet hymne
en l’honneur des jeunes filles
de l’Hellade!


Or, je recommande fortement
à qui de droit
que cette ode soit chantée
par un choeur de jouvencelles
venues de la mer Égée:
«Ô vierges radieuses de l’Égée
aux croupes fortes ainsi que des montagnes,
oui, des montagnes au relief prononcé
comme l’Ossa ou le Pélion,
voire comme l’Olympe,
salut!»


«Dans vos prunelles de chrysoprases
dansent les dauphins
que nourrissent toutes les mers,
la Méditerranée de l’Est
comme de l’Ouest,
la mer Rouge aux beaux couchers de soleil,
le golfe Persique riche en perles,
l’océan Indien baignant Madagascar
et l’île Bourbon,
ainsi que l’Atlantique
sillonné par les caravelles
du Roy de Portugal
et le Pacifique vers lequel
se portent tous les aventuriers,
les amateurs de chair féminine
et les négociants en épices
ou en fleurs rares!»


«Ô jeunes filles brillantes,
quand vous marchez indolemment
et nonchalamment,
je crois toucher avec les yeux
une matière ignée,
mais semblable au sucre impalpable!»


«Et vos bouches pulpeuses
semblent des ruches à miel
d’où sortent des milliers d’abeilles!»


«Cependant, ce qui m’attire le plus
en vous,
outre vos seins de doux limons,
c’est le langage de votre âme
qui vous porte à vous balancer
comme de magnifiques caïques sultanaux
sur la mer qui nous unit tous
par le désir dont elle messagère!»


«Et c’est sans doute
une parmi vous
qui est la maîtresse de l’Égée
et donc ma maîtresse,
puisque je suis moi-même
un pèlerin de cette mer
dont les Gorgones ont des yeux
qui brillent comme le feu
et des cheveux noirs
et sont moitié femmes,
moitié poissons!»


«Or, ce sont toutes,
malgré leur aspect sauvage,
des génies bienfaisants
de l’onde salée,
puisque, quand elles sont bien traitées
par les marins,
elles sont porteuses de bonace
et de beau temps calme!»


SANG EGEEN

RECUEIL INEDIT. DU 24 JUILLET AU 06 AOUT 2008