La Montagne de Lumière


Je suis le damné de ta croupe
dangereusement belle
ainsi qu’un vaisseau pirate
voguant dans la mer Égée,
à la recherche d’insulaires esclaves!


Je suis le bouleversé de tes seins
qui sont à eux seuls
une révolution dans une coupe de cristal,
remplie de vin blanc du Rhin!


Et je suis le martyr de ta volonté
altérée de sens,
oui, de ta volonté
qui cherche à extraire de mon coeur
l’ultime signification de la vie!


Combien de Rois, combien de Papes,
combien de Sages
n’ont-ils pas été subjugués
par le teint mat de ton visage,
pareil à l’or ou au froment
et qui, joint à l’ambre de ton corps,
te fait paraître comme une soierie
ou comme un velours mordoré?


Et que dire de la nuit de ta chevelure
semblable à ces nuits de Septembre
à Zante, à ces nuits
aux mille astres
qui sont les perles
que tu as répandues sur tes boucles!


Or, ton extraordinaire coiffure
évoque l’enceinte de Carcassonne
ou, mieux, le château de Chambord,
oui, un château de plaisance
sur la Loire!


Et que dire de tes prunelles,
plus grandes que celles des génisses
et plus noires que le musc de Chine
et qui, par la magie,
ressemblent à un puits de Babylone
où se regardent comme dans un miroir parfait
les Infantes oubliées,
pâles d’amour!


Seule ta bouche passe en beauté
tes prunelles uniques au monde,
oui, ta bouche, cette rose
apportée des jardins de l’Éden
et qui embaume comme le Paradis,
laissant passer ton merveilleux souffle
entre tes lèvres pareilles à des jujubes
humides de rosée!


Comme j’admire ton torse,
plus droit qu’un cyprès
de la cypressaie de Marathon
ou qu’un cèdre de la cédraie
de l’Atlas!


Mais au-dessus de tous tes charmes
je place ta taille sublime,
plus mince que le tronc d’un oranger,
qu’un rameau de myrte,
voire qu’un cheveu!


Car juste au-dessous de ta taille
culminent, à trois mille mètres d’altitude,
l’Olympe et l’Ossa de tes fesses,
ces montagnes de lumière,
ceintes de neige éternelle!


LE SUCRE DE L'AME

RECUEIL INEDIT. DU 17 AU 24 AOUT 2008