À une Reine d’Orient


Tes cheveux sont verts
comme le gingembre de la Mecque
et ils sentent la fleur d’oranger
par laquelle je prétends m’unir à toi,
ô Nymphe à la beauté ineffable,
ô Houri du Paradis musulman!


Ta bouche, elle, sent le cumin
et tu respires toute entière
le lait bouillant de vache,
mélangé au miel de thym!


Tes lèvres abreuvées de nectar des Dieux
sont semblables à la flamme
des flambeaux pascaux
illuminant les fidèles
assemblés sur le parvis d’une église
à la veillée de la Résurrection!


Car elle sont de la même couleur
que les rubis fameux,
extraits de la mine de Badakhchan
et transportés sur les vaisseaux
à haute mâture!


Les prunelles de tes yeux sont
plus noires que le nard,
plus noires que le musc
et plus belles que les prunelles des daines
et que les narcisses!


Ton cou est un albâtre transparent
d’Égypte,
cependant que tes jambes sont
plis lisses et plus brillantes
que l’ivoire d’Afrique!


Ta nuque,
apparaissant entre tes mèches,
est si tendre
que je n’ose y toucher!


Mais tes mamelles sont
des lys blancs
sur lesquels sont assises
deux abeilles butineuses
qui sont les boutons de tes seins!


Cependant, tes cuisses sont
deux dorades roses
qui font l’amour
et tes fesses deux dauphins agiles
qui dansent afin de plaire
aux hommes!


Et ton ventre blanc comme le soleil
est le papyrus sur lequel
furent écrits tous les Livres Révélés
ainsi que tous les traités des mystiques
et toutes les contributions des alchimistes!


Quant à non nombril,
il est une perle du pays des maharadjas
et que tu portes
avec un souverain nonchaloir!


Et tes talons, rouges de henné,
sont le couronnement
de ta gloire d’amante!


Mais tes bras, bien en chair,
font partie à jamais
de ton identité de femme orientale!


Et tes doigts fins de guitariste
de s’incliner devant les Muses!


N’est-ce pas pour toi
que l’on tisse les belles étoffes
et que l’on brode la soie
ou les brocarts?


Or, seul un lieutenant de Dieu,
un Calife,
pourrait être digne de toi!


LE SUCRE DE L'AME

RECUEIL INEDIT. DU 17 AU 24 AOUT 2008