À Une Impératrice


La cigale divine, prophétesse de l'été,
chante en ïambes, à l'heure du zénith,
l'oracle de ta blancheur immaculée,
ô Bien-Aimée plus précieuse que les chérubins,
oui, elle chante l'oracle
de la blancheur du satin de ton pantalon
et des trésors d'argent mat
que celui-ci recèle!


En effet, qui dira mieux que la cigale
ton pantalon blanc comme l'écume de la mer,
comme la Voie lactée,
comme l'ouate,
comme la plus pure des hermines,
comme la chaux des maisons
dans les îles de l'Egée
et comme les voiles des canges
descendant ou remontant le Nil?


Qui dira mieux que la cigale
ou que le grillon des nuits bénies de l'Attique
la peau de cygne de tes fesses
et le duvet de colombe de tes seins?


Qui a jamais vu,
sans que la passion étrangle sa voix
et que l'émotion obscurcisse sa vision,
oui, qui a jamais vu sans s'émouvoir
le marbre de Paros
de la statue grandeur nature
de la Déesse que tu fus,
que tu es
et que tu seras?


Qui dira mieux que les oiseaux du ciel
l'albâtre délicat de ton auguste personne,
semblable aux albâtres
du tombeau de Toutankhamon?


Quel trouvère dira sans se troubler
le flambeau de ta peau,
identique aux flambeaux de la Résurrection
dans la Pâque grecque
et que les fidèles gardent allumés
jusqu'au retour à la maison,
ainsi qu'aux anges qui soutiennent la chaire
dans les églises baroques d'Espagne?


Quel aède chantera,
sans avoir les larmes aux yeux,
ta hanche de neige,
semblable à un oreiller de dentelle de Crète
où nous aurions échangé un baiser inoubliable,
ou aux narcisses dont on orne
l'icône de la Vierge
dans les églises de Grèce?


Et qu'est la nacre fugitive
des rêves merveilleux
qui constellent l'univers
auprès de l'ivoire de tes cuisses
artistement et avec une grande finesse
sculptées?


Qui a jamais vu
cotonneraie plus éclatante
que celle qu'offre
le spectacle de ton ventre
quand tu danses la danse d'Orient?


Et quel soleil
a-t-il le mieux fulguré
dans l'azur d'Athènes
que le soleil tout blanc
de ta face d'Impératrice,
plantée dans ma conscience
comme un lys de Canaan?


Puissé-je, ô Souveraine des séraphins,
te voir à tes noces,
sur le parvis de l'église,
cependant que tes amies,
les Heures du printemps et de l'été,
répandent sur ta tête
des fleurs de citronnier!


L'OISELEUR DES FEMMES-NUES

RECUEIL INEDIT. JUIN 2006