Prunelles de Soie


Non, pendant les frimas,
je ne regretterai pas l’été,
car j’aurai d’ici-là
reçu la très suave caresse
de tes prunelles de soie!


Non, je ne regretterai pas
la brise chargée d’arômes,
car j’aurai entretemps
respiré ton parfum,
plus doux que la brise
qui souffle des vergers de l’Eden!


Non, je ne regretterai pas en hiver
les rires voluptueux
des jouvencelles de l’été,
semblables aux lys des sables,
car j’aurai le soutien de ton nom
plus ardent que le soleil
de la Canicule
et celui de ce jardin défunt
où nous avons connu des délices
qui, aujourd’hui encore,
m’arrachent des larmes!


Non, durant ma vieillesse,
je ne regretterai pas ma jeunesse,
car tu m’auras tenu
pendant une éternité
dans tes bras,
écrasant tes seins
contre ma poitrine,
ferme comme un tambour
à sept peaux de boeuf!


Non, durant la saison de la décrépitude,
je ne regretterai pas ma beauté passée,
car il me souviendra toujours
de ton émerveillement
devant mon front de poète,
large comme un bras de mer
et devant mes cheveux
qui te semblaient blonds!


LE GRILLON DE LA PLEINE LUNE

RECUEIL INEDIT. DU 10 AU 17 SEPTEMBRE 2008