Le Chant de la Fidélité


Tant que j’exhalerai un parfum de vie,
oui, tant que je vivrai,
je ne me lasserai point
de louer ta prodigieuse beauté,
ô ma Bien-Aimée,
droite comme un cyprès
et fine comme un chérubin!


Les abeilles se lassent-elles
de butiner les roses?


Les roses se lassent-elles
d’être butinées par les abeilles?


Se lasse-t-on d’un spectacle ineffable
ou d’un concert délicieux?


Voilà pourquoi, toujours je rêve
de dormir auprès de toi,
comme les papillons s’endorment
sur les roses!


À chaque fois que je sors de ta demeure,
je chancelle comme un homme ivre
qui, couronné de roses,
sort d’un banquet
où coulèrent les meilleurs crus
d’Occident et d’Orient!


Car je m’enivre de ton ardente présence,
comme un anachorète s’enivrerait
d’un havre où la mer est d’huile
ou d’un blanc peuplier
que le zéphyr fait bruire
ou d’un palmier qui danse
sous la brise de Septembre
ou d’un ciel d’été
envahi par une brume de chaleur
ou d’une île qui s’étire paresseusement
au fond de l’horizon
et dont les formes
se laissent à peine deviner,
opalines ou presque pastel!


Or, tant que ton visage
aura l’éclat de l’or
ou de l’épi de blé
juste avant la moisson,
je ferai ta louange tous les jours!


Et, après que tes joues
auront perdu ces couleurs étonnantes
qui font ta splendeur
et ta gloire d’aujourd’hui,
je continuerai à te louer,
comme si rien n’avait changé
en toi,
comme si rien n’avait changé
pour moi!


LE GRILLON DE LA PLEINE LUNE

RECUEIL INEDIT. DU 10 AU 17 SEPTEMBRE 2008