La Sultane de l’Irak
Ô ma Sultane,
quand tu danses la danse de l’amour,
tu fais bruire le collier d’émeraudes,
de rubis, de topazes et de saphirs
que tu as passé comme une chaîne précieuse
autour de tes hanches saillantes
et ce bruissement évoque fortement
le frémissement des feuilles
dans une forêt de rêve
qui s’étire sur les rives
de la mer Caspienne !
Et les rafales de vent
que tes bonds audacieux soulèvent
font ondoyer l’eau des étangs
de ce château royal
bâti par un Calife
qui souhaitait de te plaire
en aménageant dans ses jardins
de larges bassins
dont les poissons rouges et les carpes
accompagnaient,
par leurs mouvements gracieux,
ta danse solaire,
ainsi qu’une musique de flûtes !
Ta manière de te balancer
comme une courtisane
qui aurait puisé ses connaissances amoureuses
dans le Kama Sutra,
rappelle à l’observateur averti
le balancement d’une barque
tapissée de velours grenat
ou d’un caïque doré
sur les vagues de la mer Egée,
un jour de houle,
quand le vent étésien
souffle du Pont Euxin!
Et, au jour déclinant,
ton corps légèrement potelé
d’osciller comme un mécanisme céleste
sur les dalles de marbre
jonchées de pétales de roses,
comme l’arôme narcotique
d’un térébinthe !
Or, c’est toi, ô Sultane de l’Irak,
oui, c’est toi qui m’aidas
à sentir dans le tréfonds
de mon coeur
le bienfait qu’est la femme
et, de façon plus générale,
à sentir les choses
sans avoir un recours exclusif
et préalable au seul raisonnement !
Oui, effeuiller une à une
les roses de tes hanches,
cela est une attitude dionysiaque
que désormais j’adopte
face aux innombrables Mystères
de la Vie tragique !
LA SOEUR DE LA LUNE
RECUEIL INEDIT. DU 18 AU 25 SEPTEMBRE 2008