Ivresse Génésique
Dès que je t’ai vue
émerger de ta robe de brocart
dans ta nudité éblouissante,
pareille à une épée damasquinée
hors de son fourreau d’or,
mon oeil s’est mis à chavirer,
ma bouche à se dessécher,
mes mains à trembler,
mes paupières à battre
et mon coeur à palpiter!
Car ton corps semblait une urne
remplie d’eau de rose!
Et ta croupe en soie de Chine
était large comme un canal d’eau courante
de Céphisie
et prodiguait à mes paumes
qui la caressaient
comme les touches blanches d’un clavecin,
une fraîcheur paradisiaque !
Or, ta hanche était le Chatt el Arab
que je sentais se former
dans mon ventre
et qui, d’étape en étape,
ou d’étage en étage,
montait vers ma poitrine,
siège de mon coeur,
puis se jetait dans mon cerveau,
siège de mon âme,
sous les espèces d’un enthousiasme sacré
et d’une ivresse génésique
sans précédent dans l’histoire,
si tourmentée,
de l’humanité !
Tout à coup, tu t’envolas
de l’eucalyptus de ton pubis verdoyant
vers l’azur,
ainsi qu’une colombe immaculée d’Aphrodite,
d’une blancheur d’odorante neige !
LA SOEUR DE LA LUNE
RECUEIL INEDIT. DU 18 AU 25 SEPTEMBRE 2008