La Vraie Beauté


Hier, sur le tard, comme la nuit embaumée
descendait sur la rue de santal
et de myrrhe,
j’ai eu l’haleine coupée
par la vitesse foudroyante des éclairs
dans le ciel de ton extraordinaire beauté !


Or, ta beauté est si stupéfiante
qu’en ce moment précis,
tu semblais vouloir dévorer,
à l’instar de la Mort,
ma moelle et mon coeur !


Mais, ce n’était là qu’une illusion,
puisque tu es l’incarnation même
de la Vie,
avec ta croupe qui est une cruche d’or
portée par une Reine
et qui est pleine d’une eau sacrée,
aromatisée de roses
et qui a été prise
là où la Yamuna
se jette dans la mer !


Et ton corps tout entier
semble la lampe
qui fait baigner de sa lumière
le Saint des Saints
où se trouve la statue colossale
de Shiva, le dieu qui ne fut jamais né
et qui pourtant fut depuis toujours
et sera à jamais
le dieu des dieux !


Ta gorge, elle, est
une blanche conque marine
dont les sons accompagnent merveilleusement
la musique de ta voix
plus mélodieuse que tous les hautbois
et que toutes les flûtes !


Tes omoplates sont
un éventail de plumes blanches
avec lequel tu me fais de l’air
par cette chaleur suffocante de l’Inde,
notre Mère commune
à tous,
et au giron de qui nous confions
toutes nos peines !


Et que dire de ton visage
qui semble descendre
du firmament étoilé,
comme le Gange descend
des neiges de l’Himalaya ?


Au milieu de ton visage,
descend délicatement ton nez
qui est si fin,
qu’il semble le nez d’une Apsara
ou de Lakshmi elle-même !


Et que dire de tes joues
couleur de vin rosé,
du miroir d’eau de tes yeux
et de ta bouche plus succulente
que le coeur de miel
d’un lotus ?


Ô ma pleine lune,
j’aime en toi ce parfum de femme
que la brise des montagnes
mélange à l’arôme des jasmins
des jardins de la volupté
et, quelle surprise,
au parfum des jasmins sauvages
auquel on reconnaît
la vraie beauté,
sauvage par définition,
apparue spontanément sur la terre,
comme la divinité !


LE SOLSTICE DE LA VOLUPTE

RECUEIL INEDIT. DU 26 AU 02 OCTOBRE 2008