La Luthiste
Rendu audacieux par la félicité de tes jardins,
où le lys blanc alterne avec la rose rouge,
et baigné du soleil de ton coeur,
je caresse ta gorge alabastrine
qui palpite sous mes doigts savants,
ainsi qu’un poisson qui frétille
dans le filet d’un pêcheur !
Comme j’aime ces anneaux d’améthyste
que tu a passés à chacun
de tes orteils fins
et ces bijoux faits de clochettes
et de chaînettes
et qui entourent tes blanches chevilles !
Sur le haut de tes bras,
tu portes des bracelets d’ivoire,
et à tes poignets des bracelets de grand prix,
mêlés à des bracelets de nacre
ou de corail !
Comme j’aime cette ceinture
faite de trente-deux rangées de perles
et qui entoure ta croupe
par-dessus un tissu bleu,
orné de paysages,
ainsi qu’un hommage poétique
rendu à la partie la plus précieuse
de ton corps !
Et toute entière ,
tu évoques un luth
caché sous une housse
brodée de fleurs !
De ce luth,
une fois sa housse enlevée,
ta croupe serait la caisse de résonance,
ton torse le manche
garni de rubis
et tes tresses brunes les cordes !
Et tes doigts chargés de grenats,
quand ils jouent sur ce luth,
semblent un essaim d’abeilles musiciennes !
Puissent les dieux
se reconnaître dans les mélodies
de ton luth
et dans le chant de tes lèvres
humides de rosée vernale !
Cependant, ce que j’aime le plus
en toi,
ce sont tes yeux longs
comme des élégants poissons,
oui, tes yeux de sombres tulipes
où la langueur orientale
s’unit au nonchaloir du Sud de l’Inde,
berceau de l’amour
et réceptacle de la suprême beauté !
OLIVES SAUVAGES
RECUIEL INEDIT. DU 03 AU 09 OCTOBRE 2008