La Baigneuse


Assis à l’ombre d’un frangipanier
que hantent les coucous,
je contemple la plus belle
d’entre les belles de Braja
qui se baignent dans l’étang du Soleil,
afin de vénérer le dieu de l’amour !


Quand cette femme magnifique
émerge de l’onde,
sa chevelure ruisselle d’émeraudes,
oui, sa chevelure
qu’auparavant une huile essentielle,
mêlée d’herbes médicinales,
avait rendu brillante !


Sa gorge peinte de safran
apparaît alors dans toute sa gloire,
rehaussée par la splendeur de sa croupe
ceinte d’une guirlande de roses blanches
et de perles,
retenue à sa taille,
mince comme la lune nouvelle,
par une boucle d’or !


Et elle roule ses hanches
au rythme enivrant
de cette guirlande
où les perles se succèdent aux roses,
comme les notes d’un adagio majestueux !


En s’éloignant des bords de l’étang,
elle fredonne une chanson de fée,
tout en étalant,
sur sa tête de Reine,
ses tresses noires !


Et sa voix semble venir
des blancs jasmins
ou de cette allée de manguiers
où perchent les paons
et dont les feuilles
semblent suspendues en l’air
par un fil invisible,
comme les mammes de la belle !


Et ses fesses de jument surgie de l’eau,
semblables à une harpe de rêve,
de se caresser à la statue du dieu,
quand elle vient au sanctuaire
de l’amour
qui se dresse en amont de l’étang,
où la grande, l’unique beauté
se révèle, insouciante et brune !


Or, si cette belle dame,
cette étoile
d’entre les étoiles,
me plaît tant,
ce que je vis par
et pour elle !


Car, c’est par elle
que je deviens moi-même,
un amant d’entre les amants !


OLIVES SAUVAGES

RECUIEL INEDIT. DU 03 AU 09 OCTOBRE 2008