L’Impératrice des Tamouls
Livrée à la quiète jouissance
de la Vie qui passe victorieuse,
debout sur son char d’or
orné de palmes,
ton âme est une averse de roses rouges
et embaumées
et qui ne se fanent pas,
une ondée de jasmins,
une bruine de fleurs de citronnier,
une pluie de fleurs de manguier,
un calme fleuve de fleurs de santal
ou de cotonnier rouge
et une neige de duvet
de cygne amoureux !
Quand je te vois paraître
à ta fenêtre,
vêtue de tes seuls cheveux,
je me sens comme un lion en chasse
qui aperçoit un troupeau
d’éléphants blancs !
Car tes cils noirs
lancent dans ma direction
des flèches de fleurs
qui m’atteignent au coeur,
devenu le champ de bataille
de Cupidon-Kama !
En effet, comment résister
aux flèches amoureuses
qui émanent d’une grande beauté,
de ta beauté,
ô fille dont le corps est pareil
aux escaliers de la rivière An-Porunaï
où les baigneuses laissent
des poudres parfumées
et des colliers de soleils ?
Mais, ce que j’aime en toi,
c’est avant toute chose
ta chevelure semblable à une vaste forêt
de banyans où perchent
es verts perroquets
ou les paons bleus
et que traversent des cascades
ou des ruisseaux
bruissant comme des abeilles
et qui sont pareils à un collier de nacre
entourant tes mammes,
ô astre des astres
et lune des lunes,
ô fille plus belle que Lakshmi,
la déesse de la Fortune,
et plus belle que Parvati,
la fille de l’Himalaya,
la femme de Shiva,
même quand celle-ci
est couverte de bijoux
et se tient sous un banyan !
Et j’aime aussi
ton très gracieux balancement,
pareil à l’ondulation de la mer,
et qui est le battant
de la cloche de bronze
au son grave et profond
de ta grande croupe
de Soldate de l’Amour
et en même temps
d’Impératrice des Tamouls,
à Madura la Sainte !
OLIVES SAUVAGES
RECUIEL INEDIT. DU 03 AU 09 OCTOBRE 2008