La Grande Âme
Ô fille plus pure
qu’une tourterelle
ou que la neige
et plus blanche
qu’une gorge de perdrix
ou que le marbre,
c’est la lumière émanée de la divinité
qui nous pousse à nous unir
sur ces matelas précieux
où se pâment les anges
et sur ces oreillers merveilleux
en duvet de cygne amoureux !
Et, c’est cette lumière
d’avant la naissance du monde
qui m’entraîne à désirer
ton corps plus frêle
qu’un roseau
ou qu’un bambou
et plus tendre
que la rose
ou que la fleur de basilic !
Oui, c’est un rayon
de soleil métaphysique
qui me guide à travers ta peau
plus lisse que la soie
ou que la peau des pêches
et plus parfumée qu’une mangue
ou qu’un ananas !
Et quand je sens
ma semence ruisseler dans ton ventre,
je sens en même temps
que la lumière naît
ou que le cosmos surgit,
comme la toile
développée par une araignée,
ou qu’un poème apparaît,
né du cerveau d’un créateur,
d’un démiurge,
ou qu’une musique ineffable
commence à se faire entendre
ainsi qu’une ode chantée,
reprise par un choeur de jeunes filles
aux voix de brunes fauvettes !
Or, les Hindous soutiennent
que du maïthuna,
comme ils appellent la copulation,
naît la lumière du Nirvana,
la lumière de la Connaissance
et donc, que l’acte d’amour
peut être un sacrement d’église !
Oui, parvenu au couronnement
de cette union,
je deviens un dieu-taureau
comme Shiva
ou comme Dionysos,
cependant que toi,
ô ma Bien-Aimée,
tu te transmues en une déesse-vache,
une de ces déesses-vaches ou Shaktis
que l’on voit se rouler
dans les champs
et dont les yeux fendus
vous fendent le coeur !
Et nous finissons
par nous transfigurer
en un dieu androgyne,
après avoir donc,
supprimé la dualité
de nos deux sexes
et être devenus
un seul corps
et une seule âme,
une Grande Âme,
une Mahatma !
LA MESSAGERE DU SUD
RECUEIL INEDIT. DU 18 AU 23 OCTOBRE 2008