Le Service d’Amour


Tu es une de ces Indiennes extraordinaires qui,
s’étant dédiées au temple dès leur plus jeune âge,
considèrent comme un devoir sacré
le don de leur corps
à ceux qui en ont besoin,
les pauvres, les étrangers,
les hommes mariés qui n’en peuvent plus,
et les solitaires en quête
d’extase érotique
et dont la vie autrement
resterait inaccomplie,
sans substantielle réalisation amoureuse,
sans un moment de joie
dont ils pourraient se souvenir
au seuil de l’ultime voyage !


Contre une somme symbolique
et que tu donnes au temple,
tu juges ces malheureux,
qui souvent sont des personnes douées,
dignes d’être caressées,
dorlotés, aimés !


Or, tu es la soeur qui s’ignore
de ces filles de Paphos
ou de Corinthe,
consacrées à Aphrodite
et qui se vouaient au service d’amour
comme à un service,
non seulement social,
mais aussi divin !


Oui, pour ces filles de joie,
cela faisait partie
du devoir d’hospitalité
envers les étrangers
et de la dette d’aumône
envers les plus démunis,
les moins favorisés par le sort,
les moins chanceux !


Oui, tu es celle qui m’offrit
sa hanche aimable
comme une petite rivière tranquille
et suave comme un blanc chocolat,
ta cuisse ronde et large
à faire envie à la plus belle blanche,
ta gorge libre, souveraine
et dure comme un bois d’ébène,
ton regard ardent et pénétrant
et ta noire chevelure,
lisse comme un poème sanscrit !


Or, quand je contemple
la houle de saphir,
je songe aux frissons
qui parcourent ton ventre,
quand je te caresse
dans la région de ton nombril
ou de ton pubis,
si généreusement offerts
à moi qui n’en pouvais plus
d’être seul et frustré
des plus hautes joies !


Et, de par ton éducation
fondée sur la connaissance de la musique,
de la danse
et du plus fin des arts d’aimer,
tu nourris mon âme d’images bénéfiques
nécessaires au renouveau de mon coeur !


LA MESSAGERE DU SUD

RECUEIL INEDIT. DU 18 AU 23 OCTOBRE 2008