La Danse d’Aphrodite
Adossé contre le tronc d’un pin,
je regarde du sommet du mont Pentélique
Aphrodite en train de danser
comme le golfe d’Eubée,
avec le rivage de sable
passé, ainsi qu’une ceinture de perles blanches,
autour de sa taille
plus fine qu’une aiguille
et avec sa chevelure dénouée,
opulente à faire envie
aux plus belles brebis,
passée autour de ses reins soyeux
d’où partent les éclairs du désir !
Ses hanches, plus belles
que les montagnes de l’île d’Eubée,
voire que les monts de Thessalie,
s’étendent d’une extrémité à l’autre
de l’Attique
et sont habilement,
ingénieusement suspendues
au mât de son corps
transfiguré par l’amour de Dionysos
qui lui donna comme fils Priape,
le dieu vigoureux
au phallus toujours dressé
et toujours en train de pénétrer
une Nymphe de bois
ou une bacchante
aux cheveux frisés et noirs !
Elles sont si élastiques ses fesses
qu’elles dansent quand elle marche
entre ses cuisses recourbées comme des palmes,
mais si suaves
que je les comparerais volontiers
au miel de l’Hymette
qui embaume le thym béni !
Ses yeux châtains sont
effilés comme des pétales de nénuphar
et tendres ainsi que des oeillets !
Ses cils sont semblables
à des rameaux de myrte
et ses sourcils sont arqués
à faire envie à Eros
et à son arc qui lance
des flèches de fleurs !
Sa bouche est belle
comme la bouche du Céphise
et le golfe Saronique y boit le nectar
et ne veut point se détacher d’elle !
Ses oreilles délicates
ont la couleur des coquillages
des rives de l’Euripe
et sont la parure de sa nuque alabastrine !
Un collier de perles
dont la beauté est rehaussée
par la splendeur de sa gorge lunaire,
orne son cou,
blanc comme le lait de la femme !
Mais, ce qu’il y a de plus beau
en elle,
ce sont ses seins ronds
dont les mamelons sont si rouges
que le soleil couchant
en conçoit du dépit !
Oui, ses mammes sont si opulentes
que j’aurais de la peine
à les écraser contre ma poitrine,
ainsi que des grappes
de raisin de Corinthe !
Les plantes de ses pieds sont
des roses volantes
et ses chevilles s’élèvent
avec tant de noblesse
qu’on dirait qu’elles ont été
à l’école des cygnes royaux !
Le dernier trait
que je retiens
de cette vision méridienne
de la déesse de Chypre,
ce sont ses jambes
qui s’élancent dans la danse
des sphères,
comme les lames de la mer
couronnées de blanche écume
avec laquelle jouent Erotides et Néréides !
Et d’en retenir aussi
ce bleu rayon de Sirius
qu’est son pubis
qui descend extatiquement
vers sa vulve rubescente,
pareil à une rivière
des Champs Elyséens !
VIERGES ROYALES
EDITIONS ENCRES VIVES. COLL. ENCRES BLANCHES. AVEC UNE LETTRE D'ATHANASE VANTCHEV DE THRACY. FORMAT A4-16 PAGES. JANVIER 2009