La Déesse Grecque
Ô toi que j’ai aimée
sur toutes les cimes de l’Hellade,
du Nord au Sud
et d’Est en Ouest,
comme sur toutes les cimes de ton corps,
du zénith de ta tête
au nadir de tes pieds
et de la subtilité de ton nombril
à la folie de ta bouche,
salut !
Ô épousée passionnée
que j’ai fiévreusement aimée,
sur l’Olympe j’ai posé ma tête
sur tes mammes
et je me suis allongé
sur une couche
faite de feuilles de platane d’or !
Je t’ai aimée
sur les pentes du Parnasse
encore humide de la rosée
de la mer
et je me suis tant délecté
de tes charmes,
plus nombreux que mes cheveux,
que je ne suis parvenu
qu’à grande peine
à détacher ma bouche
de tes lèvres douces comme le miel,
à l’instar de l’abeille
qui ne se détache
que malgré elle
de la rose sur laquelle
elle est posée !
On s’est aussi aimés
sur le Pélion
au clair de lune,
cependant que les coucous soupiraient
et que les rossignols se plaignaient
de la vaine indifférence
des églantines !
Je t’ai aimée
sur la cime de l’Hymette
où la brise venue du Golfe Saronique
charriait dans son cours
les parfums subtils du thym
et de la marjolaine !
Sur l’île de Calypso,
j’ai dérobé à la forêt
des pétales de belle-de-nuit
que j’ai passés
à tes tresses
châtaines comme les marrons cuits
de l’hiver !
Et, par un magnifique
coucher de soleil,
nous avons foulé
la cime de l’Ida crétoise !
C’est là, oui, sur le sommet de l’Ida,
que je t’ai donné à boire
le vin qui enflamme les désirs
par son exceptionnel bouquet
et son fruité incomparable !
Et depuis, tu as perdu toute retenue,
toute pudeur,
et tu t’es entièrement adonnée
à la passion,
transfigurée par la sensualité
qui t’entraîne malgré toi
à enfoncer, au comble du plaisir,
tes ongles dans ma peau
plus sensible que la peau d’un papillon
et de t’allonger
sous ma poitrine,
cependant que je te contemple,
immobile comme le soleil du solstice
d’été,
ce soleil qui te brûle la chair
comme le feu brûle la terre
dans son noyau !
Et de te désaltérer,
les cheveux en désordre
et les yeux rougis par le manque de sommeil,
dans les sources de montagne !
Car pour toi,
il n’est qu’un seul homme
dans le vaste univers,
ton amant,
et qu’un seul sommeil,
celui qui vient
merveilleusement fermer les paupières
après l’amour !
Ô toi qui es plus pure
que la baie du Phalère
ou que le cap Sounion
et dont la couche est faite
de duvet de cygne,
dors dans mes bras
qui bénissent ton existence
de déesse grecque
ou de faunesse latine
ou de nymphe indienne
ou enfin, de princesse de Chine !
VIERGES ROYALES
EDITIONS ENCRES VIVES. COLL. ENCRES BLANCHES. AVEC UNE LETTRE D'ATHANASE VANTCHEV DE THRACY. FORMAT A4-16 PAGES. JANVIER 2009