Regard de Chevreuil


Assis à l’ombre d’un mûrier
au tronc noueux à souhait,
je contemple la Méditerranée
où se mirent ton nez très fin,
pareil à une colonne ionienne,
l’ovale allongé de ton visage
dont la pâleur est dorée
comme sur certains portraits égyptiens
et tes prunelles arabes
au regard éclatant
comme la poudre d’un canon
ou ainsi qu’une épée
outrancièrement damasquinée,
cachée sous un fourreau de volupté
et de grâce aimable !


Ce fourreau se compose
de tes cils excessivement longs
et de tes paupières bleuâtres
que tu fermes aux moments d’extase,
quand tu chantes des couplets d’amour
en te faisant accompagner d’une guitare
aux sons langoureux
comme tes yeux de grisette
ou de manola,
comme on dit en Espagne !


Et d’un coup d’éventail,
tu te dresses devant moi,
mordorée comme une statue de bronze
de déesse indienne
et brune comme la sagesse orientale !


Or, tu as le regard profond
d’un chevreuil,
d’un de ces chevreuils de Crète
qui s’abreuvent de cette même eau
qu’aujourd’hui je bois à ta santé,
ô joie de mon âme
et flamme de mon coeur !


L'ETANG DE LA REINE

RECUEIL INEDIT. DU 29 OCTOBRE AU 6 NOVEMBRE 2008