Le Cyprès Ondoyant


Ô plus belle
que les plus merveilleuses des nues,
je ne soupire qu’après le cyprès ondoyant
de ta taille fine
et je ne sanglote qu’après les deux blancs cygnes
de ton si beau derrière,
pareil par la forme recourbée
à la baie de Marathon !


Or, c’est ta chevelure lisse et châtaine
qui est la source de mon ivresse
et c’est ton teint d’oeuf d’autruche
qui est la source de ma folie !


C’est que ta robe est brodée de coraux
et tes prunelles sont un ciel nocturne
où brillent les deux milliards d’astres
de la Voie Lactée !


Et toutes les roses
des jardins de roses
ont pris leur arôme
à ta peau odorante !


Ah ! Je voudrais être
la parure de tes flancs langoureux,
à l’instar de ta ceinture d’or,
ciselée par des mains d’orfèvre !


Oui, je voudrais être la soie de Lahore
qui adhère à ton nombril
et le peigne d’écaille
qui orne le haut de ta coiffure !


Est-ce vraiment un signe de faiblesse
que ce grand amour
que je porte à ta personne ?
Nullement, et c’est même
un signe de puissance !


Car seuls sont faibles
ceux qui, s’accrochant à eux-mêmes,
sont incapables d’aimer !


Certes, à chaque fois
que tu fais naître le désir en moi,
c’est un poignard de plus
que tu plonges dans ma poitrine !


Mais, plutôt que d’arracher
ce poignard ou cette flèche,
je préfère m’arracher le coeur !


Ainsi qu’un grand seigneur,
je m’offre généreusement
au soleil de ton amour,
sans même l’espoir d’une récompense
ici-bas et dans l’au-delà !


L'IMMOLATION DES ROSES

RECUEIL INEDIT. DU 8 AU 15 NOVEMBRE 2008