La Bête Délicieuse
Ô plus belle que l’Aurore,
je vais partout chantant ton nom !
Or, quand on prononce ton nom
devant moi,
l’air frémit, la houle se soulève
et le soleil se lève
dans mon coeur enamouré,
épris de ta seule beauté,
de ta seule suavité,
de ton seul nonchaloir,
ô oeil de miel
et hanche de paix !
C’est que ton corps est un havre
où les caïques à six rames,
de retour de l’Egée,
jettent l’ancre
et où la bonace est toujours de rigueur,
même en automne !
Ô toi, mon Attique
et ma Béotie,
ma mer turquoise
et mon ciel de lapis-lazuli,
laisse-toi caresser
par ma main chercheuse d’or,
voire chercheuse de cette délicieuse bête
aux prunelles de jacinthe
que tu caches sous ta robe de brocart
brodé d’or,
cette bête apprivoisée
comme un serpent charmé
ou ainsi qu’une pouliche
à qui on a passé le mors
ou comme une rossignolette
qui chante dans la cage d’argent
d’un Sultan !
Ah ! Je donnerais tout le trésor
que j’ai amassé tout au long de ma vie,
rien que pour pouvoir rêver avec toi
sur le bord d’un bassin
et contempler ta croupe,
pareille aux pelouses du Paradis
et aux douces oliveraies de l’Eden !
L'IMMOLATION DES ROSES
RECUEIL INEDIT. DU 8 AU 15 NOVEMBRE 2008