Fumée d’Amour


Une fumée d’amour
s’échappe du haut de la cheminée
où tu fais cuire le riz de mon désir !


C’est que, pareille à la baie de Marathon
émergeant du brouillard d’automne,
ta croupe surgit de la robe de satin lustré
et gris,
tombée à tes pieds !


Tu sembles alors
une fleur géante
de double cerisier,
épanouie une aube d’Avril
où les nuées de glycines aux teintes violettes
triomphent au fond de l’horizon,
cependant qu’une bruine embaumée
tombe du centre du ciel
d’un gris chaud et lumineux !


Ta gorge que tu emprisonnes
dans un corsage de cinabre,
semblable au calice
d’une rose odorante et rouge,
est une lune de seize jours,
mirée dans le lac de Marathon
ou un soleil franc de Mai,
se reflétant dans l’eau
des cascades d’Edesse !


Oui, ta gorge évoque pour moi
l’eau de cette source du Pélion
où je me suis abreuvé une fois,
pendant un pèlerinage de jeunesse
sur le sol sacré
de cette terre de légende
qu’est la Thessalie,
l’antique Hémonie,
berceau des Argonautes !


Et ton corps tout entier est
une mouette qui survole
la mer d’un vert joyeux
tirant sur le gris voluptueux !


L'OLIVIER DE L'AMOUR

RECUEIL INEDIT. DU 3 AU 10 DECEMBRE 2008